
Exploration en détail de l’alexithymie Partie 1
- Julie BOUCHONVILLE

Mon lecteur se rappelle peut-être notre article sur l’alexithymie[1], qui abordait la question sans y plonger en profondeur. Je lui propose, dès aujourd’hui et sans doute sur plusieurs semaines, précisément cela : une plongée, et une exploration des détails.
Cette semaine, un rappel des bases et quelques généralités, avant d’attaquer le vif du sujet.
Qu’est-ce que l’alexithymie ?
Nous l’avions expliqué dans le précédent article, aussi je ne reviens que rapidement sur cette section : l’alexithymie est un trouble de la régulation des émotions, assez répandu puisqu’on l’estime présent chez 10 % à 15 % de la population[2].
Les personnes alexithymiques ont du mal à remarquer leurs propres émotions, à les identifier comme telles, à les distinguer les unes des autres, à les exprimer, et à déterminer quoi en faire au juste. Ceci est aussi vrai pour les émotions des autres, comme on s’en doute, ce qui peut mener à un manque d’empathie attribué ou factuel.
Quel rapport entre alexithymie et autisme ?
Toutes les personnes souffrant d’alexithymie ne sont pas autistes, néanmoins ce trouble est bien plus répandu au sein de la population autiste[3] [4], avec une proportion estimée à allant jusqu’à 49 % — j’ai vu des chiffres un peu plus conservateurs et il semblerait que les tailles d’échantillons ne soient pas toujours terribles, mais on peut supposer que 25 % à 50 % de la population ayant un TSA pourrait également être alexithymique. Bref, le sujet nous concerne.
Comment se faire diagnostiquer ?
L’alexithymie n’est pas listée dans le DSM dans son édition la plus récente, mais semble néanmoins reconnue et raisonnablement bien comprise par la communauté scientifique et les professionnels de santé mentale. L’idéal, comme toujours, est de parler de la situation à un professionnel de santé et de passer un ou plusieurs tests de dépistage et/ou diagnostic avec cette personne.
Certains tests de dépistage (l’échelle de Toronto et le questionnaire Bermond-Vorst, par exemple) existent en ligne et peuvent aisément être autoadministrés, néanmoins je trouve plus pertinent d’avoir une ou un expert sous la main pour expliquer une question si besoin et/ou mieux interpréter les résultats.
L’alexithymie, est-ce bien problématique ?
Si le trouble semble plus ennuyeux que grave — après tout, ne pas savoir au juste si l’on se sent accompli ou respecté, par exemple, ce n’est pas bien méchant —, c’est surtout au premier abord, car il est en réalité facteur de risques pour certaines pathologies, certains comportements déplaisants, voire risqués, et il favorise en outre l’isolement social.
Nous explorerons ces points en détail au cours des semaines à venir, mais l’alexithymie peut être la source de beaucoup de mal-être et de phénomènes déplaisants.
D’où vient l’alexithymie ?
Est-ce à cause de l’autisme ?
Il serait tentant de penser que c’est là un cas de « nous sommes tous un peu autistes », et la proportion de population concernée est effectivement « un peu autiste ». Ce n’est pas le cas. Il semblerait qu’à l’heure actuelle, on ne sache pas d’où vient ce trouble au juste : prédispositions génétiques et environnement favorisant la cristallisation de ce fonctionnement[5] semblent jouer un rôle, ce qui est une manière élaborée de dire qu’il n’existe pas, à notre connaissance, une seule cause au problème. L’autisme est un facteur de risque, ceci dit, tout comme d’avoir subi des violences durant l’enfance[6].
Est-ce identifiable dès l’enfance ?
Pas en les termes avec lesquels nous conceptualisons le problème : qu’un enfant puisse avoir du mal à reconnaître et gérer ses émotions est bien sûr quelque chose de possible, mais quand on parle d’un trouble de la régulation des émotions, on sous-entend que c’est quelque chose qui dure dans le temps, qui n’est pas passager — or un enfant étant en train de construire la manière dont il interagit avec ses émotions, une difficulté est généralement d’ordre passager jusqu’à preuve du contraire —, et également quelque chose qui dénote par rapport à ce qui serait attendu pour un niveau de développement normal.
C’est-à-dire que si un adulte s’entend souvent dire par ses proches qu’il pourrait communiquer plus clairement sur ce qu’il ressent, c’est un élément qui peut servir au diagnostic. Un jeune enfant va-t-il souvent entendre cette remarque ? Pas trop, parce que l’on considère comme plutôt normal qu’une personne de cinq, sept ou même dix ans ait du mal à nommer exactement ce qui se passe en elle et/ou à le réguler.
Est-ce que cela se soigne ?
Pas de spoiler pour mon lecteur, mais oui, il semblerait que la recherche vis-à-vis de la prise en charge ait progressé depuis mon dernier article, et que les TCC entre autres donnent de bons résultats. Nous abordons, là encore, ces sujets en détail.
Ayant posé les bases, il ne me reste qu’à saluer mon lecteur, que je retrouverai la semaine prochaine pour ouvrir le bal des détails.
[2]https://www.uclouvain.be/fr/presse/news/qui-sont-ces-personnes-insensibles-l-uclouvain-decrypte-l-alexithymie
[4]https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC6331035/#:~:text=There%20was%20also%20a%20higher,of%20alexithymia%20in%20autistic%20participants.
[5]Si mon lecteur se rappelle mon article initial de septembre 2022, il est apparemment plus courant et plus accepté pour les hommes occidentaux d’être atteints d’alexithymie, ce qui suggère une influence massive des facteurs environnementaux : https://thepsychologygroup.com/male-normative-alexithymia/
Pour toute question sur nos articles de blog, contactez la rédactrice à : juliebouchonville@gmail.com
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Très hâte de lire la suite car j’ai été diagnostiqué et mon fils qui a 9 ans a été diagnostiqué d’un trouble de la régulation des émotions.
Ayant également un Tdah je pensais que c’était un trouble associé et non différentiel.
Hâte de lire la suite ….
Hâte de lire la suite ….
Cet article est un bon complément à l’article initial. J’attends le prochain avec intérêt.