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Alexithymie dans le cadre du TSA : est-ce un problème ? Partie 3

- Julie BOUCHONVILLE

Alexithymie dans le cadre du TSA : est-ce un problème ? Partie 3

Cette semaine encore, nous examinons en quoi l'alexithymie peut être problématique pour celles et ceux qui en souffrent, et examinons quelques signes qui peuvent encourager à s'orienter vers un dépistage.

 

Impact : les comportements à risque

Identifier le problème

Les personnes alexithymiques n'ont pas moins d'émotions que les autres : elles peinent juste à observer le phénomène. Ce qui veut dire qu'elles sont aussi sujettes que les autres aux émotions envahissantes, parfois au point d'être pénibles. Là où elles diffèrent, c'est dans leur capacité à identifier le problème.

Lorsque Myrtille, qui sait identifier ses émotions, se sens très en colère contre sa collègue qui lui refourgue toutes les tâches ingrates et se fait mousser auprès de leur n+1, elle peut puiser dans des années d'habitude de gestion de la colère pour trouver une stratégie qui lui convienne : crier dans un oreiller, appeler un proche pour se plaindre, faire du sport, produire une œuvre artistique, etc. ou à une personne compétente pour résoudre la situation.

Lorsque Framboise, qui souffre d'alexithymie, est très en colère dans la même situation, elle sait juste qu'elle se sent mal. Est-elle malade ? At-elle peur ? Est-elle en colère ? Est-ce le début d'un burnout ? Est-ce la faute de son travail, ou de sa situation familiale dont il se trouve qu'elle est un peu tendue ces derniers jours ? Impossible de le savoir et donc, impossible de gérer l'émotion — est-ce seulement une émotion ? — et plus tard, de résoudre la situation.

 

Gestion des émotions sous-optimale

Peut-être Framboise va-t-elle avoir de la chance et sélectionner un comportement qui lui réussit, par exemple méditer pour aider son corps à se réguler — mais justement, c'est une question de chance. Il est tout aussi probable que face à un mal-être indéterminé, elle se fâche avec un proche qui aura été au mauvais endroit au mauvais moment et aura fait exploser ses émotions, ou qu'elle cherche à se sentir mieux avec une approche moins optimale de la gestion des émotions — substance stupéfiante, sport à outrance, sexe à risque, paris sportifs… N'importe quoi qui a déjà réussi à la faire se sentir mieux par le passé.

 

Impact sur l'estime de soi

Il est en outre facile de suspecter que quelque chose ne va pas, ne fonctionne pas comme il est censé fonctionner, quand on se envoie régulièrement mal sans raison apparente ni méthode efficace pour y changer quoi que ce soit. L'estime de soi peut être impactée, et des démarches diagnostiques incomplètes en découler. En effet, si l'alexithymie est positivement corrélée avec le trouble anxieux et le trouble dépressif, ces dernières pathologies ne suffisent pas à expliquer tout le problème, et l'alexithymie non prise en charge va continuer de poser problème.

 

Quelques critères de dépistage

Ayant mentionné dans la partie 1 de cette série que les dépistages devraient idéalement s'effectuer avec un professionnel sous la main, j'ai l'impression qu'il serait néanmoins utile à mon lecteur de lui proposer quelques critères pouvant lui mettre la puce à l'oreille. Au risque de me répéter, il ne s'agit pas d'un diagnostic ou même d'un dépistage officiel : juste d'une suggestion d'aller en parler à son professionnel de santé.

 

– Tendance à confondre une sensation physique avec une émotion, par exemple, ne pas savoir si l'on est inquiet ou si l'on a froid

– Difficulté à nommer ses propres émotions et/ou à en parler à un tiers

– En cherchant dans ses souvenirs, difficulté à se rappeler de moments récents [1] où l'on a ressenti une émotion en particulier, par exemple le dégoût ou la joie

– Peu sensible aux émotions dans la fiction : devant un film ou un livre, partage peu ou pas les émotions des personnages

– Visage peu expressif, a été déjà appelé « impassible », « stoïque » ou d'autres termes synonymes

– A du mal à identifier les émotions des autres en observant leur attitude physique, a déjà été considéré comme « insensible », « manquant de tact », « ne prenant pas de pincettes » ou d'autres termes synonymes

– Tendance à avoir des comportements d'évitement de ses propres émotions : usage de stupéfiants même légaux (alcool, cigarettes), fuite des conversations émotionnellement chargées, recherches d'activités qui transforment la stimulation interne (émotion) en stimulation externe (manger, mouvement répétitif, scroller un réseau social…)

– Difficulté à créer des liens avec les autres, à se faire des amis

 

Si mon lecteur se retrouve dans cette liste, et que cette identification est ancienne — c'est à dire, si ce n'est pas un développement récent, mais semble plutôt être un mode de fonctionnement général, je l'encourage effectivement à aller trouver son professionnel de santé.

La semaine prochaine, nous aborderons ce qui peut être fait pour prendre en charge l'alexithymie.



[1] On ressent plusieurs dizaines d'émotions par jour. Si mon lecteur se rappelle d'une occurrence d'une émotion il y a trois mois et d'une autre il y a deux ans, cela compte comme une difficulté.

Pour toute question sur nos articles de blog, contactez la rédactrice à : juliebouchonville@gmail.com


1 comentario
  • Bonjour,

    J’ai envie d’écrire très longuement sur ce sujet mais je vais tenter de “résumer”.
    Il m’a fallu plusieurs articles et discussions pour comprendre un point que je trouve crucial sur le sujet : la définition du mot. A-Lexi-Thimie : absence de lexique pour les humeurs.
    Ce n’est pas simplement ne pas comprendre le visage des autres sans les refaire sur soi. C’est bien aussi ne pas “avoir de mots” pour ses propres émotions, et n’avoir la réaction appropriée que bien après.
    J’ai demandé autour de moi si les gens étaient “capables d’identifier leurs émotions”, “d’en sentir la progression” puis “la diminution” et “s’ils avaient plusieurs émotions en parallèle ou un genre d’état actuel”. Mon panel est forcément très réduit et je ne peux pas recouper librement avec des pathologies identifiées chez eux mais il semblerait que des gens soient capables d’identifier et de quantifier leurs émotions avant d’avoir eu une réaction physique et “extérieure”.
    Si je prends mon cas, je sais que je suis content parce que je me suis demandé pourquoi je souriais, puis que je me suis demandé qu’est-ce qui me faisait sourire, et que j’ai réussi à isoler la cause parmi les différents événements.
    Quand je suis “bien”, je vais avoir un visage “neutre”. Quand on me dit que je “fais la tronche” je réponds : “mais non, je souris légèrement”. J’ai appris récemment que l’apathie et l’apaisement étaient différents.

    J’invite les parents qui s’interrogent à regarder effectivement du côté du jeu sur les émotions proposé sur ce site, ou à décrire les sentiments (gestes, cause, effets, etc) plutôt que de dire : “je suis impressionné” ou “je suis fier” (je suis incapable de faire la distinction mais c’est ce genre de détails qui fait que je rapporte toutes les émotions à moi plutôt que de comprendre que parfois j’aime simplement ce que les autres font). Certains articles précédents décrivent assez bien l’idée dont je parle.
    J’ai tenté récemment de m’interroger plus souvent sur mes émotions sur l’instant. Ca ne marche pas parce que je n’ai aucune idée d’où j’en suis avant d’avoir déclencher une réaction “extérieure” : je ne peux pas quantifier/identifier une émotion avant qu’elle ne déborde. Peut-être que d’exprimer simplement aux enfants pendant leur développement comment réagir à des émotions leur permettra de reconnaître les signes avant-coureurs.

    Et ce n’est pas parce qu’un enfant ne parle pas qu’il n’écoute pas. Je serais incapable de donner des indications pour amener à la communication verbale, mais j’insiste sur le fait que tout le monde écoute, et j’incite effectivement à se pencher sur l’idée du langage des signes si l’enfant préfère montrer que parler.
    A la place de ces exercices, j’ai fait du théâtre et cela m’a donné d’excellentes bases sur l’expression corporelle des sentiments, de même pour leur lecture. En vérité il s’agit plutôt d’un très bon entraînement au masking social.
    Par contre, ce n’est que l’an dernier que j’ai pu comprendre que je n’ai pas d’indices sur mes sentiments. Je sais quand je suis content/triste/anxieux par l’expression corporelle. Je ne sais pas quand je suis énervé. Je ne sais pas grand chose sur tout ce qui sort de ça : je ne comprends que les grandes familles.

    Le théâtre n’aide pas pour ce point, mais je pense bien qu’amener un enfant à discuter de ce qu’il ressent peut l’aider.
    Pour avoir grandi au contact d’un “autiste sévère”, je peux attester qu’il avait pleins de sentiments, pleins d’envies. Mais qu’à part bouger les mains et parler fort, c’était compliqué d’avoir des indices. Je le comprennais cependant parce que nous étions enfants et que nous nous parlions comme des enfants : avec pleins de détails que les adultes ne cernent pas (ou ignorent totalement).
    Je ne suis pas spécialiste sur les neurodivergences mais j’ai cotôyé le milieu de la petite enfance. Ils expriment énormément de chose pour peu qu’on s’y intéresse.

    Deux derniers points sur l’article de cette semaine :
    - “recherches d’activités qui transforment la stimulation interne (émotion) en stimulation externe (manger, mouvement répétitif, scroller un réseau social…)” : se mettre à manger quand on a une émotion, c’est dur à combattre.
    - “fuite des conversations émotionnellement chargées” : même si je vois très bien l’idée, j’attire l’attention sur l’exacte opposée : quelqu’un qui va décrire longuement les émotions en se concentrant sur les signes “extérieurs” est probablement en train d’indiquer son incompréhension complète sur le sujet

    Athi en

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