Dysfonction exécutive ou PDA ? Partie 3

Nous avons abordé la question du PDA et de la dysfonction exécutive dans le cadre de l'autisme, deux ensembles de comportements qui conduisent les personnes à ne pas pouvoir accomplir des tâches ou répondre à des demandes sont elles savent, pourtant, qu'elles sont pertinentes.

Après une exploration rapide de stratégies dédiées à abaisser la pression relative à certaines tâches, nous examinons cette semaine d'autres approches.

Autres stratégies de gestion

Ramener du choix

Si la personne se sent vite « obligée » par les tâches, présenter du choix peut aider : préfère-t-elle le faire à tel ou tel moment ? Écrire le document avec tel ou tel angle ? Ranger ses chaussures à tel ou tel endroit ?

Attention, on note que les personnes qui sont plutôt submergées par la logistique des tâches risquent d'être perturbées par des choix additionnels ; il est pertinent de voir ce qui fonctionne le mieux.

Flashcards : la valeur sûre du TSA

Pour les tâches courantes, des cartes qui résument les étapes clefs dans l'ordre peuvent aider en enlevant de la charge mentale : pas besoin de « tenir dans son esprit » toutes les étapes pour faire une tasse de thé, par exemple, quand elles sont proprement reprises sur un document lisible. Il est pertinent de réaliser ces cartes avec la personne, pour qu'elles lui parlent au maximum. (A voir : nos supports visuels)

La narration

Narrer à voix haute ce que l'on fait, comme pour une audience, permet de mobiliser plus de ressources que juste tenter d'accomplir une tâche. Si Pamplemousse ne doit plus créer un support de présentation, mais expliquer à un collègue comment créer un support de présentation , la tâche est différente et lui permet au passage de réfléchir à voix haute.

Il est tout à fait possible de se procurer une vraie audience [1] pour plus de réalisme.

Rendre les tâches attirantes

Un des pièges les plus courants de la dysfonction exécutive est lié à la faible stimulation d'une tâche. Imaginons qu'Ananas soit en train de scroller TikTok avant de se mettre à nettoyer sa voiture comme il sait qu'il doit le faire. Sa motivation est basse. Scroller TikTok lui apporte en général une bouffée de dopamine [2] , sur laquelle il compte plus ou moins consciemment pour se donner la motivation et l'énergie nécessaire pour passer à la suite de son planning. Mais scroller sur de longues périodes est traître, parce que bien souvent, le rush n'arrive pas, ou plutôt il a déjà eu lieu dans les quelques premières minutes, et désormais c'est son fantôme que l'on poursuit, parce qu'aucune stimulation ne sera aussi grande que la première. Ananas s'enfonce dans une frustration à bas bruit, et plus il est frustré, moins il est prêt à changer de tâche. 

Tout ceci serait plus aisé si nettoyer sa voiture lui semblait amusant, stimulant et désirable : l'attrait serait suffisant pour rompre le schéma comportemental dans lequel il est enfoncé. Comment accomplir ce miracle ? Quelques exemples :

– Nettoyer en duo avec une personne qu'il apprécie

– En profiter pour appeler un proche au téléphone

– Écouter de la musique ou un livre audio en même temps qu'il nettoie

– Gamifier la situation et s'attribuer des points par zone nettoyée avec un bonus s'il le fait dans un temps record [3]

Conclusion

J'espère avoir, avec cet article, éclairé mon lecteur, et lui permettre de mieux déterminer ce qui le bloque parfois, ou qui bloque son proche, dans la réalisation du quotidien.

Je le disais dans la première partie de cette série, il reste important, avant de chercher à pathologiser ou même nommer un comportement, de toujours examiner les besoins et l'environnement d'une personne autiste qui a du mal à fonctionner. La cause se trouve en effet peut-être dans un mécanisme interne, mais ce n'est pas une certitude initiale.

Ceci est, bizarrement, d'autant plus vrai pour mon lecteur autiste : notre intéroception [4] pas toujours au point peut faire que nous passons à côté de besoins inassouvis, et des années d'expérience nous avons appris à être durs avec nous-mêmes. Avant d'affirmer que nous avons un problème, il convient de s'assurer que la cause n'est pas plus simple.

J'encourage mon lecteur à partager ses propres astuces en commentaire, et lui souhaite d'ores et déjà de très belles fêtes de fin d'année.