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Alexithymie dans le cadre du TSA : est-ce un problème ? Partie 2

- Julie BOUCHONVILLE

Alexithymie dans le cadre du TSA : est-ce un problème ? Partie 2

La semaine dernière, nous avons ouvert un dossier s’intéressant à ce trouble de la régulation des émotions. Cette semaine, je propose à mon lecteur de se pencher sur une question pas si banale, à savoir : « c’est bien gentil toute cette histoire, Julie, mais en quoi est-ce gênant d’être alexithymique ? »

 

L’isolement social

Les personnes ayant un TSA ont déjà plus de risques de souffrir d’isolement social, qu’il soit au moins semi-volontaire ou non. Entre l’anxiété, entre autres sous son aspect d’anxiété sociale[1], les difficultés de communication qui peuvent exister pour des raisons de langage et/ou de double empathie[2] et le bon vieux capacitisme, pour ne citer que ces trois éléments, il peut être difficile pour une personne autiste de se connecter aux gens autour d’elle.

L’un des problèmes de l’alexithymie est qu’elle encourage cet isolement, pour deux raisons principales que je détaille ci-dessous. Notons que je suis la première à défendre le fait que ces deux problèmes sont plus dus aux réactions des neurotypiques qu’aux personnes autistes, et je pense qu’il y aurait là un travail d’éducation à grande échelle à faire.

 

L’expression des émotions et le TSA

Les émotions sont exprimées par le corps de plusieurs manières, souvent un mélange entre la posture, la quantité et la nature des mouvements, l’intonation de la voix, son débit, et bien sûr les expressions du visage. Tous ces indices sont analysés par les interlocuteurs d’une personne, qui en déduisent son état mental. Cette capacité à « être lisible » fait partie des compétences sociales. En effet, quand une personne ne dégage rien, semble fermée et illisible, cela génère du malaise pour ses interlocuteurs. Au-delà même de la déduction intellectuelle (« cette personne ne veut pas que je sache ce qu’elle ressent, c’est bizarre »), il se joue quelque chose d’instinctif qui amène de la méfiance, ce que les gens pourront traduire par une impression de « ne pas sentir » la personne ou de la trouver bizarre ou déplaisante sans vraiment pouvoir mettre le doigt sur ce qui cloche au juste.

 

L’alexithymie peut se manifester par une expressivité (très) réduite, et va donc rentrer dans cette dynamique où la personne semble bizarre à ses interlocuteurs. Cela peut être renforcé par le fait que certains autistes ont déjà de base une intonation ou un débit de parole un peu atypiques, ainsi que des stims corporels notables, comme secouer les mains. Si l’on combine tous ces facteurs, la personne autiste dégage quelque chose de vraiment bizarre qui va mettre mal à l’aise ses interlocuteurs, et provoquer l’évitement ou la méfiance.

 

La lecture des émotions

Avoir une attitude lisible n’est pas tout, il est aussi utile de savoir lire des émotions des autres. Ne pas comprendre ce que les gens ressentent, au moins dans les grandes lignes (émotion agréable ou désagréable, par exemple), participe à l’isolement social, puisqu’il devient plus difficile de comprendre les intentions de ses interlocuteurs. Ce faisant, l’on peut commettre des faux pas, se montrer terriblement ennuyeux, et même, si l’on comprend trop tard les intentions d’un tiers, être victime d’arnaques ou d’agressions qui découragent de toute sociabilisation future.

 

Les troubles somatoformes*

Selon Bagby, Luminet et Taylor[3], dont les travaux nourrissent cette série d’articles, le risque de développer une pathologie physique ou un ensemble de symptômes évoquant une pathologie physique en l’absence de traces observables sur les organes concernés, est plus élevé lorsque la personne souffre d’alexithymie, précisément parce ce trouble empêche les émotions d’être traitées d’une manière « normale ».

L’alexithymie est également associée à une intéroception[4] assez pauvre, ce qui peut participer à un positionnement atypique par rapport à des sensations du corps, qui lui-même va entrer en jeu dans des mécaniques somatoformes* où la personne peut mal identifier l’origine d’une douleur, en ignorer une ou se focaliser sur une zone au point d’interpréter comme de la douleur ce qu’une autre personne identifierait comme un type différent de sensation.

Notons ici que les théories qui sous-tendent les mécanismes menant à des troubles somatoformes* sont souvent incomplètes et/ou ont leurs racines fermement plantées dans la psychanalyse, ce qui les rend douteuses. À l’heure actuelle, nos connaissances nous permettent d’affirmer qu’il semble que des circonstances psychologiques peuvent influencer la santé physique des gens. Le pourquoi exact, en revanche, est encore flou, et ce qui touche à ce domaine devrait toujours être pris avec un grain de sel.

 

La prochaine fois, nous continuerons avec l’impact que l’alexithymie peut avoir sur la vie de celles et ceux qui en souffrent.

*Le trouble somatoforme est caractérisé par un ou plusieurs symptômes physiques chroniques associés à des niveaux significatifs et disproportionnés de souffrance, d'inquiétude, et de difficulté à fonctionner au quotidien en raison de ces symptômes.

[1]Comme nous l’avons traité à plusieurs reprises dans d’autres articles, les personnes ayant un TSA sont plus à risque de souffrir d’anxiété.

[2]La théorie de la double empathie, abordée dans notre article « L’autisme c’est les autres », est une manière de comprendre les difficultés de connexion entre neurotypes. Résumée, elle suggère que tous les humains ont du mal à communiquer et apprécier les gens qui ont un neurotype différent, et que l’un des facteurs donnant l’impression que les autistes sont mauvais pour communiquer est qu’ils sont le plus souvent en train de communiquer avec des non-autistes. https://bienetreautiste.com/blogs/infos/l-autisme-c-est-les-autres

[4]La capacité à percevoir ce qui se passe dans le corps et à le comprendre, par exemple être capable de se dire que l’on a froid, qu’on est mal assis sur cette chaise ou qu’on a besoin de reposer ses yeux.

Pour toute question sur nos articles de blog, contactez la rédactrice à : juliebouchonville@gmail.com


1 Kommentar
  • A propos de l’expressivité réduite, ma capacité à me faire comprendre (très mauvaise à la base) a commencé à s’améliorer quand j’ai commencé à simuler certains gestes ou expression de visage. Bien sûr, pour y arriver, il a fallu commencer par observer et analyser les autres (personnes réelles et personnages) et identifier ce qui convenait à mes capacités et mon besoin. Au début j’avais vraiment l’impression de jouer au clown, mais l’efficacité étant visible, j’ai persévéré. Après des années (pour ne pas dire décennies) de pratique, une grande partie de ce bagage est devenu totalement naturel. Quand je suis fatigué, il a tendance à tomber, mais je pense que c’est aussi le cas pour les neurotypiques…

    Aliabastre am

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